Aujourd’hui, nous partons à la rencontre d’Hélène et Laurent Filippi, distillateurs d’huiles essentielles en Corse.
C’est plus exactement dans le cap Corse à Brando que la distillerie Intimu se situe. Ce couple que rien ne destinait à devenir distillateurs, a en 2015 changé radicalement de vie pour venir s’implanter dans le maquis. Ils ont tout construit à deux au plus près de « la nature profonde ».
Interview d'Ìntímu
Arom’Action : Pourquoi vous être installés en Corse ?
Hélène : Nous avions longtemps réfléchi à notre avenir mais c’est lors de vacances, sur l’île de beauté dans la famille de Laurent, que l’été nous a murmuré la direction à prendre. C’est naturellement, que nous avons choisi de nous implanter ici.
Arom’Action : Quelle formation avez-vous ?
Laurent : Lorsque nous avons décidé de changer le cap de notre vie, j’ai pris un congé de formation pour repartir à l’école au Centre de Formation Professionnelle et de Promotion Agricole. J’ai effectué des stages chez des producteurs d’huiles essentielles puis j’ai obtenu mon diplôme de Responsable d’Exploitation Agricole de Plantes à Parfum, Aromatiques et Médicinales.
Arom’Action : Combien de personnes travaillent pour vous ?
Hélène : Nous étions 2 jusqu’à Novembre dernier. Alexine est venue renforcer notre binôme. Lors du grand « rush » de l’année qui a lieu en Juillet, nous embauchons environ 7 personnes pour nous prêter mains fortes. Nous avons le désir de garder notre entreprise à échelle humaine.
Arom’Action : Quelles plantes cultivez-vous ?
Hélène : À notre arrivée en 2017, nous avons planter des graines d’Immortelles qui poussaient spontanément sur notre terrain. Nous les avons vu naitre, grandir et nous donner une première récolte incroyable 1 an après. Ce sont « nos filles » ! C’est la seule que nous cultivons.
Arom’Action : Et quelles huiles essentielles distillez-vous ?
Laurent : Nous distillons évidemment l’Hélichryse (= l’Immortelle) mais aussi d’autres plantes que nous cueillons dans le maquis : Laurier Noble, Romarin à Verbénone, Myrte verte et sur d’autres sites : Petit Grain Clémentinier, Genévrier Nain et Pin Laricio… La Corse est tellement riche de trésors !
Arom’Action : Oui, l’île de beauté regorge de plantes aromatiques. Pouvez-vous nous expliquer comment se passe les cueillettes ?
Hélène : Nous avons signé une charte pour respecter des règles de cueillette durables. Cela signifie que nous devons demander une autorisation écrite au propriétaire du site. Et après son accord, nous pouvons récolter manuellement avec l’aide uniquement de serpes, faucilles et sécateurs les plantes en vracs, à l’aide de toiles ou sac de jutes. Il est aussi requis de cueillir en respectant certaines règles. En fonction de la plante nous devons respecter des périodes de repos et laisser suffisamment de végétal sur le pied pour assurer la vie de la plante. Pour d’autres nous devons faire des coupes sévères pour sa survie. On ne peut pas se permettre de faire n’importe quoi ! Il en va de la survie du maquis.
Arom’Action : Quelles sont vos périodes de récoltes ?
Hélène : Notre travail s’étale toute l’année. On commence en Octobre avec le Romarin et le Laurier puis le Genévrier jusqu’en Février. S’en suit la récolte du Petit Grain Clémentinier puis de nouveau le Romarin, le Laurier Noble, le Pin Laricio, la Myrte et pour finir en beauté l’Hélichryse en Juillet. Cette dernière est plus sportive car la cueillette se fait sur 15 jours max. Période durant laquelle dépend la qualité de l’huile essentielle qui en est extraite. Une petite pause estivale en Aout et Septembre nous permet de reprendre des forces.
Arom’Action : Faites-vous uniquement de la distillation d’huiles essentielles ? Travaillez vous pour des coopératives, laboratoires ?
Laurent : Nous faisons des hydrolats et des produits de cosmétiques naturels. Qui ont d’ailleurs le label Slow Cosmétique. Nous ne produisons que ce que nous avons besoin pour nous uniquement. Ainsi, nous restons concentrés sur nos « bébés » pour offrir à nos clients des produits de qualités remarquables.
Arom’Action : Vous dites avoir le label « slow cosmétique » pour vos produits de beauté. Mais pour les huiles essentielles et hydrolats qu’en est -il ?
Hélène : Toutes nos huiles et hydrolats sont certifiés BIO. Notre plantation est de toute façon loin des villes, usines et des champs à agricultures intensives, nous récoltons tout manuellement donc même sans le label BIO…
Arom’Action : Pouvez-vous nous donner des exemples de rendement d’une ou deux huiles essentielles ?
Laurent : Pour l’Hélichryse par exemple on est à 1,5kg d’H.E pour 1000 kg de plantes et pour le Genévrier on tourne autour de 6 pour 1000.
Arom’Action : Quelles contributions pour l’environnement avez-vous entrepris au sein de votre distillerie ?
Hélène : Nous trions beaucoup dans notre laboratoire le verre, le papier… Nous proposons des emballages responsables comme les carrés satinés de Furoshiki ou de petits pochons en toile de jute. Nous respectons rigoureusement la charte de cueillette durable. Nous partageons les résidus de distillations pour le paillage avec des locaux. Nous avons aussi sur notre plantation laissé entre chaque parcelle des lignes de maquis ce qui permet de protéger l’écosystème local. Nous soutenons Greenpeace et plaçons dans chacun de nos signatures email un petit message de ce genre :
Arom’Action : Si vous étiez une huile essentielle, laquelle seriez-vous ?
Hélène : Je serais l’huile essentielle de Laurier Noble, un vrai couteau suisse.
Arom’Action : Avez-vous une astuce, un conseil à partager en aromathérapie ?
Hélène : Et bien restons sur le Laurier Noble ! 1 goutte sur son dentifrice 1 fois par semaine pour parfaire l’hygiène bucco-dentaire.
